samedi 12 novembre 2016

Des départs qui nous marquent plus que d’autres

Leonard Cohen… Depuis que je sais, ma sensibilité est à fleur de peau. Je ne comprends pas encore tout à fait pourquoi son départ me remue autant. Cet homme, je l’ai rencontré il y a 30 ans dans un petit bar rue Saint-Laurent. On a passé un bout de soirée ensemble à jaser. Je ne le connaissais pas vraiment alors comme artiste. La conversation était juste joyeuse, heureuse.

Et puis je l’ai écouté et écouté encore et encore. C’est l’âme de l’homme qui vient nous chercher autant sinon plus encore que sa voix à mon avis.

Et puis lundi dernier, la journée de son décès, un collègue du bureau est venu me parler de lui sachant que je l’aimais beaucoup. Pour bien mettre le tout en contexte, la nouvelle de son décès n’avait pas encore été publiée. Le collègue me parlait de son dernier album, You want it. Je ne savais pas pour le nouvel album. Je suis allée le télécharger sur le coup… Et bien sûr, j’ai aimé. Leonard, c’est Leonard…

Et puis hier, la nouvelle… Toute la journée, dès que quelque chose parlait ou était le moindrement associé à l’amour, j’étais atteinte, droit au cœur.

Et puis hier soir… j’ai un rappel du lancement du CD de Bobby Bazini, Summer is over, sur mon cellulaire. Je télécharge le tout et écoute pour tomber sur la chanson : Leonard Cohen… Une chanson étonnante, écrite à Nashville.

Et puis j’entends cette phrase qui dit "She loves like a Leonard Cohen song". Magie…

Et puis je réalise la synchronicité : l’album de Bazini est lancé la journée de l’annonce du décès de Leonard.

Et puis j’ai lu un peu pour apprendre que Leonard Cohen avait gagné le prix Juno pour l’album de l’année en 2015… en final avec lui… Bobby Bazini… /

Et puis… bien c’est ça… sans jamais oublier Leonard, impossible de toute façon pour moi, je vais voyager avec Bobby Bazini maintenant… J’ai l’impression qu’il y a quelque chose d’écrit d’avance parfois dans la vie… C’est la vie… Sometimes you gotta let things be… Let it go and love will set you free…

Écouter C'est la vie sur YouTube https://youtu.be/JUrGLGUEdrU


Merci Léonard. Merci Bobby.

samedi 5 novembre 2016

Moment unique...



Je vous raconte une histoire… une histoire vraie… même si ça tient de l’exceptionnel, que ça a l’air arranger avec le gars ou la fille des vues…

Vendredi dernier, j’étais à un gala d'une fondation pour enfants de ma région. Magnifique soirée, repas fabuleux, plaisir et réconfort avec ami(e)s. Le succès de la collecte de fonds est grand. Près de 150 personnes sont sur place.

Vers la fin de la soirée, une fois les discours achevés, les gagnants de l’encan silencieux annoncés, on sent que le plancher de danse ne demande pas mieux que de se faire piétiner. Alors que les gens sont encore entre-deux, jaser et se préparer à danser, j’aperçois au loin ce beau monsieur, je dirais début soixantaine, qui est debout près de sa table et qui ne peut pas se retenir de bouger au son de la musique du DJ. Musique chaude, entrainante, contagieuse. Le monsieur bouge bien, je devrais dire très bien… il a ce qu’on appelle « avoir du swag », c’est-à-dire, du style… je suis hypnotisée littéralement.

En face de lui, sa compagne est debout et ne bouge pas. Il lui donne une petite tape sur le bras et lui fait clairement un signe qui veut dire : « qu’est-ce que tu attends ? Go ! Danse ! » Et elle se met à danser… la mâchoire me tombe. Elle a autant de style que lui, aussi belle à voir. Je suis subjuguée, heureuse d’avoir le plaisir d’être témoin de tout ça, sans qu’ils le sachent bien entendu.

Une quinzaine de minutes plus tard, alors que je jase avec une connaissance, mes yeux sont une fois de plus attirés par ce couple qui est maintenant sur le plancher de danse. C’est plus fort que moi, je ne peux pas me retenir, ceux qui me connaissent le savent, je ne peux pas ne pas parler dans ce genre de situation, je dois leur dire.

Alors je m’en vais directement sur le plancher de danse et j’approche la dame. Je lui dis que de tout le monde sur le plancher de danse elle et son amoureux étaient les plus beaux à voir, que c’était du bonbon pour les yeux. Toute gênée, elle sourit, reçoit le compliment avec plaisir et me prend par le bras pour me présenter à son conjoint pour que je puisse lui dire la même chose. Bien sûr, ça fait plaisir à entendre ces choses-là, mais ça fait encore plus plaisir de les dire si vous voulez mon avis.

On engage la conversation. Je remarque que l’homme porte l’épinglette Desjardins. Ça commence bien la conversation, je travaille avec Desjardins, un client qui me passionne. Puis je leur demande où ils habitent. St-Polycarpe, qu’ils me répondent en cœur ! Décidément, le couple est beau à voir et à entendre !

Je leur dis que j’ai habité là pendant près de 10 mois et que mon père y avait été gérant de la Banque provinciale dans le temps. Bien sûr, l’homme et moi, nous nous sommes regardé avec un sourire, la Banque provinciale, aujourd’hui la Nationale, c’est la compétition pour Desjardins ! Puis je me mets à leur raconter mon histoire. Ce matin du mois d’août 1972 où je suis allée chercher la poste à la banque. Je suis entrée dans la banque et une fois à l'intérieur, une professeure qui était là avec ses petits enfants dans une poussette me prend par le bras et me dit : Toi, tu t’en viens avec moi.

Je leur raconte que dans un petit village comme ça tout le monde connaît la fille du directeur de la banque et que ce que je ne vais pas encore compris, c’est que l'institutrice me sortait de là parce qu’il y avait deux bandits dans la banque… Oui, il y avait un vol avec mains armées… et elle avait décidé qu’elle ne restait pas là avec ses deux enfants. Elle a dit au voleur : Je veux pas que mes enfants t’énervent, laisse-moi partir. Il lui avait fait oui de la tête. Il était gelé comme une balle !

Comme j’avance dans mon histoire, je remarque le visage de l’homme changer un peu, mais il reste tout de même sans trop d'émotions. Je continue donc mon histoire… qu’on m’a forcée à entrer dans le restaurant à côté de la banque et qu’on m’a alors dit qu’il fallait que je monte au deuxième étage au cas où des balles seraient tirées… Ils ont dû me forcer à monter au deuxième et ils étaient trois adultes à tenter de me retenir sur une chaise. Tout ce que je voulais c’est aller retrouver mon papa pour le protéger… ☺ Cré p’tite Loulou !

Ce que je voyais de plus en plus dans le visage de mon beau danseur et maintenant celui de ma danseuse, c’était la surprise, l’éblouissement. Ce qui fait que j’ai rapidement fini mon histoire en leur disant simplement qu’une fois les bandits partis, les adultes m’ont relâchée pour que je puisse aller retrouver mon père et le prendre dans mes bras. J’étais folle d’inquiétude qu’il soit mort, tué par une balle. Le comptable qui avait venait d'entrer au restaurant me confirmait que je pouvais aller le retrouver, qu’il était sain et sauf. J’ai donc fini mon histoire sur les paroles de mon père qui lorsqu’il m’a vu arrivé s’était exclamé : Loulou, ma petite fille… Tu es vivante. Il avait eu si peur que les bandits m’enlèvent pour demander ensuite une rançon.

Mon couple de danseurs est devant moi. Je les sens touchés par mon histoire, mais quelque chose me dit qu’il y a plus encore… Et je vois la dame qui fait signe à son mari de parler…

J’avais 11 ans quand le vol de banque a eu lieu. Cet homme en avait 18… Et il m’annonce en me touchant doucement le bras : Louise, j’étais dans la banque moi aussi, avec un ami. On nous a fait passer derrière les comptoirs en passant par le bureau de ton père pour nous forcer à nous coucher par terre, le visage contre le plancher. J’étais avec toi et ton père…

Vous pouvez imaginer la beauté, l’intensité du moment. Sa femme qui le connaissait déjà à ce moment puisqu’ils sont des amoureux depuis le secondaire, se rapproche de nous et on se regarde tous les trois, conscients du moment unique qui nous est donné.

44 ans plus tard, je rencontre cet homme avec qui j’ai vécu un des plus grands drames de ma vie… On n’avait rien à ajouter. On savait que ce qu’on vivait était unique.

La vie est tellement extraordinaire et généreuse pour moi. Salut papa!