samedi 2 novembre 2013

La reine et son couvain

Plusieurs théories savantes tentent d’expliquer la naissance, voire la cause du phénomène de la dénatalité au Québec. Pour mon compte, je préfère m’en tenir à une théorie toute simple, toute logique, tout enfantine : celle de la reine et du couvain.
Au rucher québécois régnait la Reine. Qu’elle fût du foyer ou du royaume, peu importe, nous avions tous compris que c’était elle qui tenait les rênes. Vint alors la guerre qui ébranla l’organisation du rucher. La reine qui régnait, lâcha les rênes pour se joindre à la caste des abeilles travailleuses, économie oblige. Des essaims de reines sortirent de leur alvéole pour devenir butineuses. L’époque était faste, le butin fabuleux et nul n’avait prévu d’effets néfastes. Pourtant, il y en eut. Pas que des répercussions fâcheuses, soyons honnêtes, la souveraine y trouva son lot de miel; une vie qui s’ouvrait sur un monde d’autonomie, de liberté, de pensée.
Notre reine, dont la vie avait été jusqu’alors consacrée à la ponte et à la bonne organisation de l’alvéole, dut faire face à une double tâche : butiner et reproduire. La commande était grosse. C’est qu’il est difficile de maintenir l’équilibre entre ces deux rôles. La question n’étant pas ici d’évaluer l’intérêt, l’utilité, la valeur ou le mérite de chaque emploi, mais plutôt la capacité de bien faire les deux. C’est ainsi que la souveraineté espérée prit des allures d’esclavage. De ce fait, plusieurs alvéoles ont éclaté. Les abeilles ont retroussé les manches et les ont reconstituées.
D’hier à aujourd’hui, d’ajustements en relevailles de défis, devant l’énormité de la tâche, certaines ont fléchi sous le poids du fardeau : à chacun son chemin de croix. Quant aux autres, elles ont réfléchi. Nos abeilles-reines-travailleuses avaient brûlé la cire pas les deux bouts et se sont retrouvées à bout de souffle, incapable d’éteindre la chandelle. Comment pourraient-elles continuer de tenir le flambeau? Les abeilles n’eurent d’autres choix que d’agir comme un seul homme, elles contrôlèrent le couvain.

Au fait, n’existe-t-il pas une troisième caste dans la colonie des abeilles?  Celle du mâle, le faux bourdon? Et qu’en est-il de son rôle dans cette histoire? Mesdames, je vous entends d’ici bourdonner comme l’essaim d’abeilles prêt à darder son agresseur. Vous dites? Un rôle trop effacé? Féministes va!

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