mercredi 4 mai 2011

Tout est bien qui finit bien.

Lundi 9 février 2009

Les faits:

Environ 19 h. Après des petites commissions faites en compagnie de ma fille, celle-ci me demande d’arrêter chez McDonald pour prendre une bouchée.

On se stationne et ma fille ouvre sa porte pour la refermer aussi vite en disant : « Oups! J’ai accoté la porte sur l’auto du monsieur à côté ». Elle a à peine le temps de terminer sa phrase et moi de me retourner pour voir le conducteur, avec le visage cramoisi, utiliser sa propre porte pour frapper mon auto de trois gros coups... Notre auto est plus avancée que la sienne, ce qui fait que sa porte à lui est située à la hauteur de ma porte arrière du côté passager.

Ma fille est terrifiée, elle barre sa porte. Sonnée par ce que je viens de voir, je reste tout de même calme et je rassure ma fille en lui disant que je vais aller parler à l’homme. Ma petite chouette qui souffre de problèmes d’anxiété importants à l’époque me supplie de partir. Je tiens bon et très calmement je lui dis qu’on ne peut pas se laisser faire comme ça.

Je sors donc de mon auto pour aller voir ce qui se passe avec l’autre conducteur.

- Mais pourquoi vous êtes si agressif monsieur, ma fille n’a pas fait exprès?
- Y disent toutte ça! qu’il me lance les bras dans les airs encore totalement agressif.

C’en était assez, la discussion avec lui ne me mènerait nulle part de toute évidence.

- Monsieur, je n’ai plus rien à vous dire, je prends votre numéro de licence et j’appelle la police.

Je me suis retournée et je suis retournée dans mon auto le numéro de licence en tête et j’ai appelé le 911. Vive les cellulaires!

Je vous évite les longueurs de l’histoire. La police est arrivée et j’ai finalement pu constater les dommages sur ma porte. On a dû la remplacer, elle était trop abîmée pour la débosseler tout simplement. Avec la policière, on a cherché une dizaine de minutes pour tenter de retrouver les marques qu’aurait laissées la porte de Camille... Rien...

Les policiers me demandent si je veux porter plaine et des charges au criminel. Je regarde ma fille et mes valeurs et je me dis que je n’ai pas le choix. Je dois montrer à ma fille qu’on ne se laisse pas agresser de la sorte. Je sais très bien que si j’avais été un gars, JAMAIS cet homme n’aurait réagi de la sorte. Aussi, je dois être intègre avec mes valeurs. Le respect de soi, dans le calme et le contrôle, ça ne s’enseigne pas à nos filles autrement que par la démonstration.

Mercredi 4 mai 2011

Les faits :

2 ans et quelques mois plus tard, à la deuxième tentative, la cause est finalement entendue au Palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield puisque le suspect a plaidé non coupable. Un des agents de police qui nous a accompagnés lors de l’événement est là comme témoin. J’y suis aussi ainsi que l’accusé bien entendu. J’ai réussi à faire exclure ma fille de la démarche en expliquant à la procureure que l’événement avait déjà été assez violent que je ne voulais pas, étant donné son anxiété, qu’elle ait à revivre quoi que ce soit. Accordé!

Le policier a été appelé à témoigner en premier. Mon tour est arrivé et je me suis présenté à la barre des témoins. On me fait jurer de dire la vérité, juste la vérité... Oui, je le jure. J’ai raconté l’histoire de ma perspective au juge à l’aide des questions de la procureure. Au début, les émotions m’ont décontenancée et j’ai eu un peu de difficulté à retenir mes larmes. Le juge a été d’une gentillesse extraordinaire.

- Madame, servez-vous des mots pour raconter l’histoire. Vous pouvez laisser les émotions de côté. Pas facile à faire peut-être, mais tentez de voir ça de cette façon.
- Merci monsieur le juge, c’est un excellent conseil que vous venez de me donner. Je vais le faire comme ça.
J’ai repris le dessus immédiatement et ai réussi à enfiler mon histoire comme une pro avec un calme relatif considérant le fait que c’était mon baptême à titre de témoin en cour. Lorsque l’avocat de l’accusé m’a à son tour posé des questions, j’ai été aussi très sûre de moi. Alors que je répondais pour la quatrième fois à la même question, je me suis excusé avec un peu de sarcasme en m’adressant au juge en lui disant que je répétais la même réponse. Il m’a regardé droit dans les yeux.

- Madame, prenez tout le temps de répondre la même chose parce que c’est la même question les quatre fois.
Je comprenais que j’avais gagné sa confiance.

Le conducteur fautif est finalement venu raconter sa version des faits. Il a joué de façon impudique avec la chronologie de l’histoire. Il a aussi menti honteusement sur certains faits. Entre autres, que j’avais dit que ce n’était pas grave et que c’est ce que j’ai dit qui avait provoqué sa réaction. Mais sa défense ne se tenait pas.

Le juge ne s’est pas laissé prendre. Avant de partager avec vous son verdict, je vous dirai qu’il me faisait beaucoup penser à Jacques Languirand. Un homme d’une grande classe, philosophe, intègre.... avec les sourcils un peu moins en broussaille, mais il aurait facilement pu passer pour son frère.

Au moment de rendre son jugement, il a bien reconnu que les faits différaient. Il a reconnu qu’il devait croire les deux. Il a dit croire le conducteur accusé lorsqu’il disait avoir des valeurs et des principes, mais que ce n’était pas suffisant de dire les choses, qu’il faillait les appliquer lorsque la vie nous mettait devant une occasion de mettre le tout en pratique.

Il a dit aussi qu’il croyait la dame (c’est moi ça!) dans son récit. Que celle-ci avait fait preuve de caractère dans son témoignage et que c’était bien ainsi.
Pour finir enfin par dire qu’au sens de la loi, il devait croire hors de tout doute que l’accusé avait eu l’intension de faire un méfait. Et que hors de tout doute, l’accusé lui avait lui-même fourni la preuve en lui disant qu’il avait voulu me montrer que si ce n’était pas grave pour son véhicule, ça ne l’était pas non plus pour le mien. Le juge lui a fait comprendre qu’il n’a pas à jouer le moralisateur, d’autant plus que son auto n’avait effectivement aucun autre dommage que ceux qu’il lui avait lui-même infligés en utilisant sa porte pour défoncer la mienne.

L’avocat s’est alors levé pour demander l’absolution pour l’accusé qui était inscrit au Cégep pour devenir conseiller en valeurs mobilières et qu’un dossier criminel l’empêcherait de poursuivre son projet de vie... Le juge a élégamment accepté de lui donner l’absolution, ce qui m’allait très bien aussi comme décision.

Cet homme ne sera peut-être plus inscrit au Cégep l’automne prochain... Mais ça, je ne peux le présumer. L’important pour moi, c’est qu’il ait compris que ce qu’il avait fait était inacceptable, qu’il n’a pas leurrer le juge ou qui que ce soit présent dans la salle.

À ma sortie du Palais quelques minutes plus tard, j’ai dû passer à côté de lui et son avocat pour me rendre à mon auto. Je me suis arrêté près de lui.

- Monsieur, je vous souhaite bonne chance dans votre projet.

Son regard était inquisiteur, il ne voyait pas où j’allais...

- Votre projet d’études monsieur, je vous souhaite bonne chance dans vos études...

Il ne savait pas trop quoi répondre. Moi, je n’attendais rien, je continuais mon chemin.

C’est le cœur en paix que je suis rentrée dans mon auto et que je mets enfin un point final à cette histoire.

23 commentaires:

  1. Wow, c'est ce que nous appelons se tenir debout ça madame, et avec dignité en plus, toute une leçon de vie, merci de l'avoir partagée...

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  3. Et ça fait tellement de bien Barbe Blanche... De se tenir debout avec aplomb ET dignité... Je suis gagnante à tellement de points de vue, c'est merveilleux!

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  4. BRAVO MAJUSCULE TALOU POUR TON COURAGE! J'admire car je n'aurais jamais osé affronter ce malade!

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  5. T'es pas mal meilleure que moi avec ton flegme. J'aurais insister pour que le type reçoive une sanction et une tache au dossier parce qu'il la méritait et qu'un trou du cul, ça doit aussi assumer ses étrons. Mais bon. Bravo pour ta victoire et passons après le point final ...

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  6. Tu sais quoi Croco? Souvent dans cette histoire j'ai été animée par un certain esprit de vengeance... Et jamais, ça me faisait du bien en bout de ligne... C'était comme si je tombait dans son jeu agressif à lui. Je pense que j'ai vraiment gagné, dans mon esprit, parce que je n'ai jamais laissé l'instinct de vengeance gagner. Me suis fortement et fréquemment appuyée sur mes valeurs profondes.

    Pas toujours facile, mais toujours gagnante comme stratégie.

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  7. Tu es gagnante sur toute la ligne. Tu es une vraie de vraie gagnante, tu viens de le démontrer! Tout au long de ton récit, j'ai pensé à ta fille. Quelle formidable leçon de vie tu viens de lui donner. Pour le courage de tes convictions, la dignité, l'assurance pour elle (tu dis qu'elle a tendance à l'anxiété) qu'à n'importe quel moment et dans n'importe quelle circonstance, on a du pouvoir sur nos vies et sur le cours des choses quand on se tient debout.

    Ah je t'admire, Talou. Tu comprends ce que mon commentaire veut te témoigner...

    Ton juge, c'est fou, je pense que je le connais... Son nom, ce ne serait pas Pierre R? Il me semble que j'ai reconnu son style... Si c'est le monsieur auquel je pense, il prend sa retraite très bientôt. Il a 70 ans. Il a toujour été épris de justice. Il a été longtemps avocat spécialiste en divorce, avec un préjugé favorable aux femmes, sa principale clientèle. Il n'accepte pas la violence. Il a été nommé juge il y a une dizaine d'années.

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  8. C'est drôle ton commentaire arrive jsute après le partage de l'hisoire avec mon chum... Il va lui aussi dans le sens de Croco. Qu'il paie pour ses conneries le con. Mais j'ai réussi à lui vendre que pour moi, le gars a compris beaucoup plus avec ma façon de faire tout en calme et en assurance. Je crois que les hommes ont une approche très différente, beaucoup plus vocale et physique. Entre eux, ça les regardent, mais avec moi, je ne veux pas prendre ce chemin...

    Merde Zoreilles, je ne me souviens pas de son nom... Il me semble que son nom de famille commençait par B du genre Bouchard ou quelque chose comme ça...

    Mais il pourrait être à Valleyfield le juge?

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  9. Bravo Louise! Tu est gagnante sur toute la ligne. Peu importe la motivation de son 'cours' au Cégep, cette personne là ne sera jamais heureuse intérieurement.

    avec admiration,

    Donna

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  10. Merci Donna,

    Et si c'est vrai pour le CEGEP, je suis contente pour lui. Peut-être que là réside une plus grande satisfaction pour sa vie et tout ça, ça veut dire moins d'agressivité j'en suis certaine. De là d'ailleurs mon attitude quand je lui ai souhaité bonne chance pour ses études. J'étais vraiment sincère. Et si c'est un subterfuge, encore une fois, comme tu le dis, il ne sera pas heureux en-dedans...

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  11. Mais oui, il pourrait très bien exercer à Valleyfield et partout à Montréal et alentour.

    Et pour le reste, je suis de ton bord à 100 % (encore). Je pense pas comme les gars! Moi, ce qui lui arrive à ton agressif et violent, je n'en ai rien à cirer, pas de temps à perdre avec ça, l'indifférence totale. La vengeance n'engendre que la vengeance, rien de plus. C'est vide. J'ai souvent ce genre de discussion avec mon chum moi aussi, on reste toujours sur nos positions l'un comme l'autre, ça s'arrange pas avec les années! Ça leur fait du bien de dire ça, je peux comprendre. Mais moi, j'ai pas de temps à perdre à haïr, à souhaiter du mal, je mets mes énergies à me tenir debouttttttte. Pis ça en prend, je te jure! J'en n'ai pas de reste!

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  12. Le nom du juge devant ma cause est l'honorable Michel Mercier. Bel et bien un grand juge qui a été impliqué dans différents jugements très importants et médiatisés dans notre région - jugements qui ont parfois eu une portée provinciale...

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  13. Madame Talou, car il faut rendre à Talou ce qui revient à Talou, donc je disais Madame Talou, justement quand je te parle de dignité, dans mon commentaire précédent, c'est justement de lui avoir laissé la corde lousse dans le cou, pour qu'il choisisse lui même le moment où il voudra se pendre si il n'est pas capable de comprendre l'imbécibilité de son geste.
    vous êtes une très grande Dame...

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  14. J'essaie toujours... Je ne réussis pas toujours... Cette fois, c'est mission accomplie et je suis en paix.

    Merci BB!

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  15. C'est moi qui suis....5 mai 2011 à 13 h 28

    ...l'anonyme (un petit mot de quatre lettres) de ce matin qui n'a pas eu de réponse. Sniff! Tant pis! Pas grave!

    :)

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  16. Là, je ne suis pas certaine de suivre l'anonyme... Est-ce que c'est celui en majuscule qui parle?

    Le petit mot de 4 lettres, c'est Lise?

    Un gros merci pour le premier commentaire...
    :)))

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  17. TaLou,

    mais oui c'est Lise.

    :-D

    Un petit mot de quatre lettres...a four letters word...

    Et je t'admire, sincèrement, car il a des automobilistes enragés qui sont réellement dangereux. Tu as eu de la chance, vraiment! Il aurait pu sortir un revolver et t'abattre froidement, comme ce qui est arrivé à je ne sais plus qui dans un article lu sur Cyberpresse.

    Tu aurais pu être une statistique anonyme parmi tant d'autres...

    :)

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  18. Tu es merveilleuse ma p'tite kliss. On s'en reparle mardi prochain en allant voir Ti-Guy ...

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  19. @Lise... Un peu dramatique ton scénario peut-être? :)))

    @ Croco: je viens de vérifier avec sa gérante... à date, ça tient toujours... on s'organisera, je te prendrai au métro Crémazie et on ira manger au resto avant qu'il arrive et on profitera un ti-peu de notre temps ensemble... C'est tellement rare!

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  20. Je fouille demain pour trouver mon laminé ! Ne me manque que l'heure où je devrai être à Crémazie ... :-)

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  21. TaLou,

    dramatique moi? Mais non voyons donc! J'ai un bon sens de l'humour. Le printemps est arrivé, la vie est belle, les oiseaux gazouillent, le ciel est bleu (quand il ne pleut pas), tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil; tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, faut pas s'en faire..

    :DDD

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  22. @Lise.... Drôle!

    @Croco: pour l'instant ça devrait tourner autour de 12h15

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  23. Bravo Talou,

    Je suis dans le domaine judiciaire depuis plus de vingt ans. J'ai bien aimé votre réaction à titre de témoin principal ...
    Pour une infraction dite sommaire, j'espère qu'il a eu une absolution conditionnelle avec la condition de ne pas récidiver...
    D'où l'importance pour le citoyen de persévérer malgré les longueurs inhérantes à la justice...

    Encore bravo ...

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